Comment voyez-vous le marché du capital-risque ?

Clairement, le marché est exubérant. Depuis 5 ans les montants levés ont triplé.
La France a un portefeuille de startups « early to mid stage » extrêmement fourni et prometteur. Les VCs français ont les moyens d’être offensifs pendant les 3 ou 4 prochaines années.
Attention cependant à un probable retournement, les entreprises financées par le capital-risque peuvent souffrir du fait que les investisseurs réduisent leurs engagements et fassent le tri dans leurs portefeuilles. Cette période de bas de cycle sera très violente pour l’écosystème de la French Tech car il n’y a pas, en France, d’investisseurs long terme dans l’innovation et la technologie, hormis BPIfrance et les serial-entrepreneurs. Or, il faut plus de 10 ans pour faire un champion du numérique.

Quels sont donc vos points de vigilances pour les années à venir ?

Il est impératif de flécher l’épargne des Français vers nos entreprises via le capital investissement et le capital-risque en particulier. Il y a un réel déficit sur ce point en France ; outre un arsenal législatif à mettre en place ce sont les mentalités qui doivent changer. Nous devons encourager les gérants d’épargne à investir dans nos sociétés, pour renforcer le poids du Private Equity dans le financement de l’économie française. La plus grande partie de l’épargne des Français dort sur des comptes qui ne rapportent quasiment plus rien. Heureusement, depuis quelques années maintenant, le monde politique s’est emparé de ces questions, certaines propositions faites dans le plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises (PACTE) vont dans le bons sens. France Digitale a d’ailleurs lancé hier le Campus France Digitale, une formation de six mois destinée à nos députés, sénateurs et hauts fonctionnaires, pour qu’ils puissent mieux connaître l’économie numérique et les technologies, ainsi que le milieu du capital-risque et des business angels.

Il y a-t- il un profil idéal pour entreprendre et lever des fonds ?

Tout d’abord, il faut avoir une idée originale ou éventuellement une alternative à ce qui existe déjà !
Le copié collé n’est pas très excitant. Ensuite, pour ISAI, la solution proposée par les entrepreneurs doit intégrer l’usage des nouvelles technologies comme, par exemple, le big data et l’intelligence artificielle…
En réalité, il n’y a pas de profil idéal mais un état d’esprit d’idéal. Les entrepreneurs sont de plus en plus jeunes et de plus en plus ambitieux. En général, nous ne finançons que des projets qui nous sont recommandés, cela montre qu’ils évoluent dans l’écosystème. Ceux qui sortiront du lot sont ceux qui apprendront le plus vite, de manière active, qui seront réactifs et pragmatiques dès début de leur aventure. Nous évaluons également leur capacité à envisager leur développement à l’international.

C’est crucial si nous voulons créer nous aussi des leaders capables de résister dans le grand bain mondial.