Les marques l’ont compris depuis longtemps : les influenceurs web montent en puissance et représentent un formidable atout pour gagner en notoriété et en crédibilité auprès du grand public. La tendance commence doucement à toucher les disciplines techniques. S’exprimant sur une pluralité de formats tels que les réseaux sociaux, les « blogs » ou « vidéo blogs», ces auteurs adaptent leur contenu en fonction de leur cible.

Le blog : les spécialistes parlent aux spécialistes

Dans la multitude de blogs économiques existants, beaucoup sont tenus par des analystes, des économistes, des professeurs ou plus rarement des étudiants. De fait, ces blogs de spécialistes s’adressent surtout à un public confirmé dans la discipline. Des barrières à l’entrée semblent en effet tenir les néophytes à distance. Les coupables ? Les graphiques techniques, le jargon utilisé et le webdesign peu séduisant.

Ce format concentré sur le fond va surtout convenir à des internautes renseignés, qui viennent avant tout chercher un avis pertinent et différent de la presse spécialisée. « Dans le format blog, ce qui me plait c’est la profondeur de l’analyse, les articles poussés, documentés et sourcés. » confirme Nathan1, lecteur assidu de blogs économiques. A l’inverse, Nina1, qui travaille dans le secteur de la finance, nous déclare ne pas lire de blogs économiques par « peur que les experts ne soient pas fiables » et préfère accorder sa confiance à la presse. La suspicion porte également sur la neutralité des blogueurs. De fait, certains blogueurs défendent une vision politique à travers leurs analyses économiques.

Mathieu1 , quant à lui, questionne le format qui « nécessite un investissement intellectuel plus poussé et une vérification des sources ». Distinguer le faux du vrai semble être une question primordiale pour les internautes et il n’est en effet pas rare qu’un blog soit épinglé pour désinformation.

Le vidéo blog : séduire et instruire le grand public

Partant du constat que la technicité de ces blogs agit comme un repoussoir, certains professionnels et amateurs d’économie décident d’utiliser un format plus didactique : le vidéo blog.

C’est le cas de Clarence Thiery1, fondatrice de SYDO, qui monte Dessine-moi l’éco en 2012. A l’aide de dessins et de schémas simples, ce projet audiovisuel explique l’économie de manière ludique et surtout neutre. Un créneau à prendre car, selon elle, «il n’y a rien entre le 6 minutes de M6 et les 4 pages du Monde ».

A l’instar de Dessine-moi l’éco, la grande majorité des vlogs économiques tente avant tout de capter un grand public peu familier avec la discipline. Clarence le souligne : « le vocabulaire effraie et freine l’accès à l’actualité, il faut des schémas, un lexique adapté pour vulgariser l’information et la rendre compréhensible pour tout le monde« .

Convaincus que la forme soutient le fond, les vlogs (lafinancepourtous IEFP, Dessine-moi l’Eco, Eco Dico…) vont proposer un contenu didactique et un visuel attractif.

Pluralité de concepts, de tons, de designs…tout est bon pour séduire le grand public et si la vidéo est plus divertissante, elle facilite également la compréhension. Selon Clarence, « il y a deux fois plus de réception quand on sollicite deux sens (l’ouïe et la vue NDLR) ». En clair, plus les sens sollicités sont nombreux, plus la réception de l’information par notre cerveau augmente. Ce qui engendre à terme un meilleur apprentissage.

Bien intentionnés, les vlogs à visée éducative conquièrent pourtant difficilement leur propre cœur de cible : le fameux grand public. Clarence l’admet : si le succès est au rendez-vous, Dessine-moi L’Eco est très consulté en France comme à l’étranger (en Afrique du Nord)…par des étudiants. Notamment ceux qui révisent leur baccalauréat. Autrement dit, les principaux visiteurs du vlog ont un intérêt concret au visionnage de ces vidéos et maîtrisent probablement déjà les bases rudimentaires de l’économie, le jargon et les concepts.

Se pose donc une question : mais où est « M. Toutlemonde » ? Selon la fondatrice, les statistiques sont formelles : il fait bien partie de l’audimat, même s’il reste discret et avare en retours. Aurait-il compris que « It’s the economy, stupid ! » n’est plus une réponse acceptable ?

 

1 Entretiens oraux réalisé du 13 au 18 février 2016