Enthousiasme, nervosité puis stupéfaction : la nuit américaine à la Maison de la Radio fut, comme pour beaucoup, sous tension.

Le froid n’avait pas arrêté les passionnés, nombreux à faire la queue dès 18h pour suivre la nuit américaine de France Inter à la Maison de la Radio, temple de l’audiovisuel. Divers, le public n’en reste pas moins le portrait-robot du supporter de Clinton : jeunesse issue de la classe moyenne éduquée, expatriés américains, couples bon chic-bon genre… Au programme de la soirée : plusieurs débats avec des journalistes de la chaîne, des experts, et les représentants des Démocrates et des Républicains de l’étranger.

Dans une salle ouvertement moqueuse ou hostile au représentant Républicain, la confiance du public dans la victoire finale d’Hillary Clinton est palpable au cours des débats. S’ensuivent quatre heures de direct sous les yeux d’un public chaleureux et réactif, entrecoupées d’interludes musicaux sur la scène du studio 104. Toute l’équipe de France Inter se donne sur scène et motive le public. A minuit, les premiers chiffres sont bons, la fête peut commencer.

Mais au cours de la soirée, tandis qu’une partie de la foule profite des animations, l’autre affiche une mine de plus en plus soucieuse. Les résultats commencent à tomber : la Floride inquiète, l’Ohio déçoit, puis la Virginie tourmente. Cet Etat acquis à Clinton depuis plusieurs semaines dans les sondages est très incertain et achève de briser les certitudes : la course n’est pas en faveur d’Hillary, et l’ambiance se tend peu à peu jusqu’au malaise. Plus que la colère ou la tristesse, l’incrédulité domine dans un premier temps. Puis viennent les larmes, et les mots de consolation que le public veut bien s’échanger.

Une question demeure : comment les médias, les instituts de sondage et les experts ont-ils pu se tromper à ce point, pour la deuxième fois en 2016 (après le Brexit) ? La presse est accusée de cécité, d’être dans une bulle d’entre-soi consensuel qui a oublié la working class. En un mot, de faire partie de cet establishment que la candidature Trump visait à dénoncer. D’ailleurs, 80% des américains ont une mauvaise opinion des médias mainstream ; seule la représentation nationale fait pire. Cet échec de la presse doit la pousser à se remettre en cause.

Huit ans après la crise de 2008, un magnat de l’immobilier vient de faire éclater une autre bulle.

Dimitri Lecerf
@Dimitri_Lecerf

Sur l’élection américaine:
Voir l’article d’Anna Casal:  L’élection de Donal Trump signe-t-elle l’échec des médias aux Etats-Unis?
Libération: Pourquoi Hillary Clinton portait-elle du violet pour son discours de défaite

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